Le célèbre quotidien américain s’intéresse dans une publication du 6 octobre aux déboires judiciaires d’un soutien financier et matériel des groupes armés dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest.
St Michael Tamufor Nhumuluh est toujours dans l’attente de son jugement. Le citoyen américain d’origine camerounaise arrêté en 2019 risque jusqu’à 20 ans de prison et une peine pouvant aller jusqu’à un million de dollars (plus 600 000 millions de F CFA). Dans un article du 6 octobre sur son site, le journal américain Washington Post explique que St Michael Tamufor avait plaidé coupable pour violation de la loi qui encadre l’exportation des armes hors des Etats-Unis. Sa situation rappelle celle de trois autres Camerounais inculpés toujours aux Etats-Unis pour des faits similaires. Le 27 août 2021, Wilson Nuyila Tita, Wilson Che Fonguh et Eric Fru Nji, résidents du Maryland, ont été inculpés devant le tribunal fédéral pour conspiration en vue de violer la loi sur le contrôle des exportations des armes.
Echec au Nigeria
Selon le Washington Post, St Michael Tamufor a pu acquérir des milliers de cartouches de munitions entre 2018 et 2019. Il a aussi acheté 24 fusils en ligne entre 2017 et 2019. Les agents fédéraux ont récupéré un masque à gaz, une combinaison ghilie, une tenue de camouflage portée par les chasseurs d’élites et les militaires dans un sous-sol à Baltimore, où il gardait son artillerie. En fin 2018, St Michael Tamufor a envoyé des armes et des équipements militaires au Nigéria. Le bateau arrivé au Nigéria en janvier 2019 est retourné aux Etats-Unis avec sa cargaison après que des agents fédéraux ont signalé que le conteneur voyageait sous une fausse identité. Les agents fédéraux ont saisi plus de 30 fusils de poing dont certains avec des numéros de séries effacés, des lunettes e visée et des baïonnettes de ce conteneur.
Ces cas d’inculpation et de tentatives d’exportation d’armes vers le Nigeria, avec souvent pour destination finale le Cameroun, confortent ceux qui pensent que les séparatistes bénéficient bien des soutiens à l’étranger. Face aux ambassadeurs accrédités au Cameroun le 28 octobre 2021, le ministre des Relations extérieures, Lejeune Mbella Mbella affirmait que des « concertations sont en cours avec certains de vos pays en vue des poursuites à l’encontre de certains Camerounais de la diaspora, qui, profitant de la distance et du confort offerts par les pays d’accueil, font ouvertement l’apologie des discours de haine et alimentent les tensions tribales sur de nombreuses plateformes numériques. » Il va ajouter que « ceux-ci procèdent ouvertement à des collectes de fonds pour se procurer des armes dans l’objectif de déstabiliser notre pays. »
Expert en armement
Ces Camerounais auxquels le ministre des Relations extérieures fait allusion, peuvent être des professionnels de l’armement. Le profil de St Michael Tamufor en est une illustration. C’est en 2001 qu’il débarque aux Etats-Unis et demande l’asile. Il est naturalisé une dizaine d’années plus tard et est enrôlé dans la marine américaine où il va servir comme spécialiste de la logistique dans une base dans le comté de Prince George. En 2017, il demande et obtient le statut de « designated collector ». Grâce à ce statut qui lui est accordé par la police du Maryland, il peut désormais acheter plusieurs armes en un mois pour les besoins de sa propre collection. Le statut de « designated collector » est une sorte de passe-droit qui permet à St Michael Tamufor d’aller plus loin et plus vite dans son désir d’acheter des armes. Parmi les 24 fusils qu’il a achetés en deux ans, on trouve une carabine de type Noreen qui tire des balles de calibre 50. Il s’agit du même type de fusils qu’utilise l’armée américaine pour les tirs d’élite à longue distance et pour neutraliser les véhicules. A 42 ans, St Michael Tamufor, témoin dans l’affaire impliquant Wilson Nuyila Tita, Wilson Che Fonguh et Eric Fru Nji a évoqué le droit à l’auto-défense des « communautés qui sont tuées ». Parviendront-ils à convaincre le juge ? Rien n’est moins sûr.