Zejet, sa compagnie aérienne, a six mois pour débuter effectivement ses activités.

Christophe Semengue n’a jamais digéré les déboires et autres tracasseries qu’il a connus au moment de lancer Zejet, sa compagnie aérienne. Il y a un peu plus d’une décennie, le fils du général Pierre Semengue expose son désir de créer une compagnie aérienne au Cameroun. Une lettre dans ce sens est envoyée à Paul Biya. Le but ici est d’arracher une autorisation en haut lieu, qui poliment, mais fermement, amènera les ministres intervenant dans la chaine du transport aérien à être diligents. Peine perdue. Si l’accord est donné par Paul Biya, sur le terrain, rien ne bouge.

Christophe Semengue, que des voix dignes d’intérêt présentent comme l’une des têtes pensantes de la Cameroon Airlines corporation (Camair-Co), plie mais ne rompt pas. Le 12 octobre 2022, la Cameroon civil aviation authority (CCAA) lui a donné la licence d’exploitation N° 000150. L’entreprise aérienne effectuera le transport des passagers, mais en outre, disposera d’un service de fret et transport du courrier tant au plan national et qu’à l’international.

Zejet est une entreprise purement privée. La CCAA a tenu à la placer devant ses responsabilités. « L’Etat du Cameroun n’assume aucune responsabilité  du fait d’accidents et incidents ainsi que dommages quelconque pouvant survenir à la propriété (matériel volant, installation sur le terrain etc.) et au personnel de l’entreprise Zejet », a déclaré Paule Assoumou Koki, patronne de la CCAA.

La toute nouvelle compagnie aérienne du Cameroun se veut un pur produit local. Un véritable savoir-faire camerounais.  Même si le nombre d’emplois à créer et autres dernières retouches de l’entreprise sont en cours, l’on sait que ses avions brésiliens de marque Embraer ont été immatriculés au Cameroun, comme le montre le sigle TJ figurant sur les appareils. « Ses avions d’origine brésilienne sont déjà là et n’attendent que le bouclage de tous les derniers réglages », confie-t-on.

Zejet compte desservir Douala, Yaoundé, Garoua et Maroua. Des lignes très rentables, de l’avis d’Ernest Dikoum, du temps où il manageait Camair-Co. Une préférence qui pourrait donc mettre à mal Camair-Co. « Christophe Semengue peut réussir, à condition de résoudre tous les problèmes que connait souvent Camair-Co : les retards, le manque d’avions, l’absence sur toutes ces lignes rentables sur le plan national. Il y a bien des avocats par exemple qui suivent des affaires entre Douala et Yaoundé et aimeraient bien faire les deux villes en un laps de temps tout en faisant des économies », analyse un expert des questions aéronautiques.  La flotte, indique-t-on, est constituée d’un appareil d’Embraer ERJ-145  de 49 sièges, un MSN 145178 de même capacité, d’autres appareils sont dans le pipe.

Flycam Inter

Ce n’est pas la première fois que le Cameroun ouvre son espace aérien à une entreprise dont le but est de concurrencer localement Camair Co. En 2014, la CCAA donne l’agrément à Fly CamInter, dont le nom commercial est EQUA 2C. Des patrons de cette compagnie, aucun nom ne filtre. Juste, explique-t-on à la presse lors d’un échange, qu’elle est détenue à 51% par un privé camerounais. La compagnie annonce vouloir desservir les lignes que vise Zejet actuellement. Elle occupe un immeuble à Akwa, quartier commercial de la capitale économique.

L’affaire va se limiter à l’annonce et aux bonnes intentions. Le 24 mars 2016, le ministre des Transports suspend les activités de la compagnie aérienne AQUA 2C, pour « non-conformité à la réglementation en vigueur ». Le temps de mener une enquête de moralité sur les nouveaux patrons camerounais. Mais pour d’autres sources, le pouvoir ne pouvait pas demander la restructuration de Camair Co et en même temps lui imposer un concurrent.

Aloys Onana

Share.

Comments are closed.