Par Rhoméo Mbadzama Awono
Un camarade d’université et ascendant académique, à présent respectable Directeur dans l’administration fiscale camerounaise, a trouvé cette citation de Hubert Maga, ancien président de la République du Bénin, très impactante : ‟Il n’existe que des intouchables de l’instant, des timoniers du temps, des maîtres du moment. Le temps est le maître de tous les maîtres. Il faut rire de tout. Mais devant les grandes décisions de la vie, réfléchissez à hier et pensez à demain. Parce que la nature dans sa comptabilité est incorruptible et aucune facture ne restera impayée. La nature est juste.‟ C’est sans incitation…sibylline que j’ai tiré cet extrait du compte Twitter d’un ancien membre du Gouvernement camerounais.
En réalité, de cette posture-là, comme de toutes les postures du reste, il faut nécessairement conclure que tout est vanité…comme dans la Bible de Jérusalem. Hier, on a côtoyé les cimes du pouvoir et des gloires d’un respect forcé par la peur et les appréhensions. Hier, on avait instauré la terreur et l’effroi dans cette administration ou dans cette partie prégnante de la République. On régnait à travers la peur et la frayeur. Les craintes et la sanction avaient droit de cité. Hier, on a fait, ici et là des carrières, ici ou là des avenirs. Hier, on a fait la pluie et le beau temps. Hier, on était tout puissant. Hier, on a rendu des visages souriants et on a brisé des carrières et provoqué des mines d’enterrement. On a fait. Simplement. Aujourd’hui, c’est terminé. Dans ces choses-là, il y a toujours un lendemain, il y a toujours un aujourd’hui et un demain. Fatalement.
Rien n’est subséquemment éternel. L’artiste Marijata l’avait chanté depuis longtemps, en 1976, j’avais à peine un an de vie sur terre : ‟no condition is permanent. ‟ On devient ‟has been‟. On parle de nous au passé. Au passé triste. Isolé. Seul. Solitaire. Meurtri. On devient la loque humaine. Consumé de l’intérieur et à l’intérieur par le rétroviseur de notre passé de tortionnaire et d’esclavagiste. Le temps aura sévi. Le temps aura fait son immanquable effet. L’œuvre du temps. Et c’est la Sénégalaise Jacqueline Fatima Bocoum qui a visé la bonne cible lorsqu’elle affirme opportunément qu’‟Ainsi, ils disent t’aimer, toi leur ami(e) qui n’a plus rien. Le téléphone sonne moins et les visites sont rares. (…). Car, quand tu as tout, tu ne penses qu’à toi. ‟ Et aux tiens et à ceux qui te lèchent les bottes. Tes moribonds thuriféraires. Dans ces conditions, la nostalgie devient notre compagne. Dans ces conditions, regrets, remords et repentirs s’arrogent notre assistanat, morne et muet. Et comme toujours, dans son immense sagesse, l’aîné diplomate sonne le tocsin : ‟ Rien n’est permanent. Les rigueurs d’aujourd’hui disparaîtront demain, comme par enchantement. Ainsi va la vie ; carré blanc, carré noir…l’alternance de douloureuses épreuves (…).‟ Sacré Paul Gérard Nsah Voundy !
Ceux qui, présentement ont ce pouvoir-là, pas le Pouvoir d’Etat, non, le pouvoir dérivé. Ceux à qui, par la grâce de la décision, l’opportunité d’une délibération, l’avantage d’un arrêté ou la bénédiction du décret exercent une parcelle de ces pouvoirs tant recherchés. Ceux-là, à ceux-là qui malmènent les pauvres hères des damnés dans ces administrations controuvées ou réelles, sachez-le, la roue tourne, la roue de l’histoire. Comme cette terre qui tourne autour d’elle-même et en même temps autour du soleil. Ces deux mouvements de révolution et de rotation de la planète Terre sont immuables et irréversibles. Il en a toujours été ainsi. Il en sera toujours ainsi. A chacun son jour de bonheur. A chacun son moment de gaieté. A chacun sa minute plaisante au cœur de cet océan de tristesse qu’arrose le bras rabougri de ceux qui ont vendu leurs âmes au diable. Les exemples de cet acabit sont légion. Toute proportion gardée, ces exemples jonchent les villas cossues d’hier, mais aujourd’hui délabrées par la moisissure et abandonnées par le trop-plein des convives d’antan. Un jour, comme toujours, ceux-là, comme ceux d’aujourd’hui et leurs devanciers d’hier seront naturellement jetés dans la rigole de l’histoire. Notre dédain, notre insolence, notre arrogance et notre mépris accompagneront. Juste retour d’ascenseur. /-