Les principaux partenaires Bolloré Africa Logistics, CMA-CGM et CHEC sont conviés à Paris par le port autonome de Kribi pour une réunion qui devrait décider des parts de chacun dans la nouvelle entité à créer.
Le port autonome de Kribi a convié les concessionnaires du terminal à conteneurs à une réunion qui se veut de haut niveau dans la capitale française. Les représentants de Bolloré Africa Logistics, CMA-CGM et CHEC seront assis vendredi 14 octobre à Paris aux côtés de ceux de l’Agence Spéciale Tanger Med (TMSA), structure en charge du développement du Complexe Industrialo-Portuaire de Tanger (Maroc), modèle qui inspire le projet que nourrit le PAK. Ces principaux acteurs de la place portuaire de Kribi vont plancher sur la mise en place d’un projet de développement de la zone industrielle intégrée au port de Kribi.
Le PAK, qui gère le port de Kribi depuis 2018, a en idée de mettre en place une société ad hoc chargée de la conception, du financement, de l’aménagement et de l’exploitation de ladite zone. En fait, une société d’exploitation de la zone industrielle à laquelle elle entend associer Bolloré Africa Logistics, CMA-CGM et CHEC en raison de leur capacité de mobilisation financière, leurs expertises respectives et leur réseau de partenaires et de clients. La réunion de Paris devrait permettre de jeter les bases d’un partenariat entre ces différentes parties prenantes qui favorisera le lancement de cette initiative éminemment stratégique pour le développement du port de Kribi et de l’économie du Cameroun et de la sous-région.
L’enjeu caché est de savoir qui devra prendre le contrôle d’une telle entité : le PAK, société publique de gestion du port de Kribi, ou les opérateurs privés du terminal à conteneurs, sur le modèle du complexe industrialo-portuaire de Tanger au Maroc. « La bonne idée est de laisser cette nouvelle société aux mains de ceux qui ont les financements, l’expertise et un réseau clients développé », glisse une des parties prenantes. Cette question trouvera certainement réponse à Paris.
Quoi qu’il en soit, le projet de développement de la zone industrielle intégrée a toutes les chances de voir le jour au regard du fort potentiel qu’il dégage. Étalée sur une superficie de 500 hectares, la zone devrait être dotée d’infrastructures de qualité (routes, eau, énergie, fibre optique, etc.), d’un parc immobilier avec des espaces commerciaux, des bureaux, un centre d’exhibition, conférences, entre autre, et des entrepôts logistiques prêts à la location. Les entreprises installées dans la zone bénéficieraient de services à valeur ajoutée comme le service de sécurité, le guichet unique administratif, ainsi que d’avantages fiscalo-douaniers et administratifs, notamment le statut de zone économique que le gouvernement camerounais envisage d’accorder à cette zone à fort potentiel.
La réalisation de ce projet de zone industrielle peut générer d’importantes retombées, notamment l’augmentation de l’activité et des volumes de trafic au port de Kribi, l’accroissement du volume des Investissements Directs Étrangers (IDE) et la création d’emplois directs estimés dans les premières évaluations à 10 000. In fine, un tel projet sera une forte contribution à l’industrialisation et à la diversification de l’économie nationale et sous régionale, grace au développement des filières de croissance comme le cacao-café, l’huile de palme, le coton, l’hévéa, le bois, le ciment et les matériaux de construction, la métallurgie-sidérurgie, etc.
Port de Kribi
Les premiers résultats sont encourageants
De 16 milliards de FCFA en 2018 au lancement des activités du port autonome de Kribi, les recettes douanières ont atteint à 163 milliards FCFA en 2021. Preuve d’un trafic en croissance.
Le port de Kribi n’était donc pas un éléphant blanc. Projet phare du Document de stratégie pour la croissance et l’emploi, cette infrastructure a paradoxalement été critiquée pour son enclavement et son « inutilité » au regard de l’existence du port de Douala. Quatre ans après sa mise en œuvre, les acteurs de la place portuaire ne tarissent pas d’éloges sur cette infrastructure qui a placé le Cameroun sur la carte des grandes lignes maritimes mondiales, lesquelles peuvent désormais y faire escale grâce à la position géographique idéale au cœur du golfe de Guinée et ses excellentes qualités nautiques et bathymétriques. Cette amélioration de la connectivité maritime du Cameroun avec les grands pôles de commerce mondiaux se traduit par des gains importants en termes de temps de transit et de coût logistique, pour le plus grand bénéfice des opérateurs économiques nationaux.
Le port de Kribi a permis l’installation d’une base logistique moderne de 24 000 m², destinée à faciliter le passage de la marchandise à l’export et à l’import. En sus, divers projets de construction de hangars et d’entrepôts sont en cours d’achèvement et permettront au port de Kribi de disposer d’environ 100 000 m² d’espaces de stockage de la marchandise à très brève échéance.
Un certain nombre d’acteurs du secteur industriel se sont déjà installés ou sont en cours d’installation au port de Kribi, notamment les entreprises Atlantic Cocoa Corporation (transformation de fèves de cacao), CIMPOR et SIC (production de ciment) ou encore La PASTA (minoterie). Des projets de grande ampleur sont en cours de gestation, à l’instar du projet de construction d’un terminal minéralier et d’une unité de transformation du fer provenant des mines congolaises de Nabeba, Badondo et Avima, du projet de construction d’une usine de production d’hydrogène vert porté par la société australienne Fortescue Future Industries (FFI), et du projet de construction d’une usine de production de bitume porté par la société All Bitumen Cameroun.
Le port de Kribi a permis d’accroître considérablement le montant des recettes douanières de 16 milliards de FCFA en 2018, à 26 milliards FCFA en 2019, 74 milliards FCFA en 2020 et 163 milliards FCFA en 2021. Les premières activités logistiques et industrielles implantées dans la zone industrialo-portuaire ont généré un nombre de 2 300 emplois directs et 2 000 emplois indirects.
Le port de Kribi peut faire mieux. On peut observer que ses activités sont portées sur le trafic de marchandises en transbordement (plus de 70% du volume de trafic total), au détriment du trafic domestique, lequel est par ailleurs plus rémunérateur. Cette situation est due à l’insuffisance des dessertes terrestres et le niveau d’aménagement et d’occupation (nombre insuffisant d’installations de stockage) relativement faible de la zone industrialo-portuaire. D’où l’intérêt d’une zone industrielle.