Bâti et inauguré avec l’accord du président de la République, »cet ouvrage d’art au centre-ville de Yaoundé alimente un vain débat sur sa démolition. Le maire de Yaoundé dit que l’édifice n’a rien à craindre.
Le ‘’Monument patriote’’, érigé au rond-point des services du Premier ministre par la Communauté urbaine de Yaoundé (CUY), n’a pas et n’aura pas de problème d’existence. En clair, aucune menace de démolition ne pèse sur cet édifice comme l’a laissé croire une certaine opinion depuis quelques jours. Les affirmations, puisées auprès de la maire de Ville de Yaoundé, sont sentencieuses et fermes
Face à la polémique qui ne cessait d’enfler, la CUY a dû faire cette mise au point afin de lever toute équivoque sur le destin de ce monument au cours d’un échange avec la presse vendredi 7 octobre. Cette énième polémique visant cet édifice inauguré le 18 mai 2022 est née de la fuite dans les réseaux sociaux d’une correspondance du ministère de l’Habitat et du Développement urbain (Minhdu) conviant le maire de la ville à une « séance de travail relative à la reconfiguration de l’échangeur Hilton et des études de faisabilité économique et financière pour une contractualisation en PPP » de la section urbaine de l’autoroute Yaoundé-Nsimalen.
« Dans le cadre de la mise en œuvre du projet repris en marge, les études de reconfiguration de l’échangeur Hilton (projet piloté par le Minhdu) nécessitent la coordination et la mise en cohérence avec le Plan de mobilité urbaine soutenable (PMUS), les lignes de transport en commun en site propre et le Bus Rapid Transit », précise la correspondance. Cette concertation s’impose d’autant que, d’après l’article 241 de la loi du 24 décembre 2019 portant Code général des collectivités territoriales décentralisées, la Communauté urbaine est compétente pour toute action relevant de l’intercommunalité, des grands travaux et des projets structurants.
« Est d’intérêt communautaire, toute compétence ou ressource portant sur les projets intercommunaux par nature ou par destination, les infrastructures cédées à la Communauté urbaine, construites ou aménagées par celle-ci ainsi que celles ouvertes, par leur objet, leur position géographique ou leur importance symbolique ou économique interterritoriale à l’usage dés populations émanant de plusieurs communes d’arrondissement », précise la loi. Celle-ci confère par exemple la compétence exclusive de la planification urbaine, des plans et schémas directeurs d’aménagement concerté et la rénovation urbaine à la Communauté urbaine.
Officiellement, la correspondance du Minhdu ne fait allusion nulle part à une éventuelle démolition du ‘’Monument patriote’’. Mais d’après des sources crédibles et concordantes, cette hypothèse a été insidieusement distillée au sein de l’opinion par une main noire dans ce département ministériel. D’ailleurs, les mêmes sources se rappellent la vive opposition de Célestine Ketcha Courtès à ce projet, qui aura tout mis en œuvre pour arrêter les travaux. Elle ne va momentanément tempérer son ardeur qu’après un désaveu au cours d’un arbitrage du Premier ministre sollicité par ses propres soins. Comme un pied de nez, Mme Ketcha Courtès sera désignée par le président de la République comme son représentant personnel lors de l’inauguration du monument.
C’est dire si le maire de la Ville, en parfait connaisseur des principes de fonctionnement de l’Etat, s’est entouré de toutes les garanties nécessaires avant de lancer les travaux. Pour qui connait tant soit peu le fonctionnement du système gouvernant, difficile d’ériger un tel édifice sur l’itinéraire présidentiel sans l’approbation préalable de la présidence de la République. Toutes ces précautions ont ainsi permis à Luc Messi Atangana d’aller jusqu’au bout du chantier de construction du monument et de soutenir aujourd’hui qu’aucune menace de démolition ne pèse sur ce joyau qui draine des visiteurs.
Autant de raisons qui font que le ‘’Monument patriote’’ résiste aux polémiques entretenues autour de lui. Au lendemain de son inauguration, une autre polémique a enflé autour du coût des travaux qui oscillait, selon les sources, entre 2 milliards et 68 milliards. Alors qu’en réalité, d’après une source ayant géré le dossier au ministère des Marchés publics, les travaux de construction du ‘’Monument patriote’’ ont coûté environ 400 millions à la CUY.